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Comme de nombreux camarades, je suis plus que circonspect sur la participation de notre organisation à l’exercice de la primaire. Manière de dire poliment que c’est sans doute la pire erreur tactique que nous avons pu commettre ces dernières années. Pourtant la liste est dramatiquement longue si on regarde objectivement les choses. Il n’y a par ailleurs que le PCF qui s’agite activement dans ce cadre. Plus précisément, une poignée d’irréductibles suivistes qui ne mesurent pas la tromperie éhontée à laquelle ils participent par simple discipline.

Les lundis de gauche, la littérature imbuvable validée par un CN totalement à côté de la plaque, une campagne anti-Mélenchon hystérique qui tourne à l’illustration grotesque du mythe du veau d’or. Cela ne prend pas à la base, il serait temps d’au moins commencer à l’admettre. Où sont les déclinaisons locales de la primaire ? Avec qui devons-nous d’ailleurs les organiser ? La section PS du secteur, les écologistes qui détestent les rouges plus que tout ? Les camarades ont un peu de bouteille et savent pertinemment qu’au bout du bout de ce périple tortueux, il s’agira de soutenir une candidature socialiste (frondeuse si vous voulez). Pis, c’est le phœnix qui ressuscite des cendres tièdes, très tièdes d’une gauche plurielle qui a conduit le borgne d’extrême-droite au second tour de l’élection présidentielle de 2002.

Sauf à penser que Martine Aubry et ses amis feront exploser le PS avant 2017- dans ce cas là je suis prêt à organiser un pèlerinage laïc à Lourdes – pour créer une organisation dissidente qui ira jusqu’au bout du processus des primaires, nous risquons de nous retrouver totalement isolés dans l’histoire. Cambadélis fait le ménage et convoque à Solférino celles et ceux qui osent un peu trop l’ouvrir en ces temps de troubles. Les écologistes nous ont fait la parfaite démonstration qu’il serait totalement irresponsable de compter sur eux. Cécile Duflot nourrit des ambitions présidentielles et elle ira à la bataille avec ou sans nous. Ensemble marque un retour en arrière après avoir été fanatisé par l’idée. Manque plus que la sortie de Marie-George Buffet, dans l’élan de son lieutenant Francis Parny, pour appeler à voter Mélenchon et la boucle sera bouclée. Bref, tout cela me donne l’image d’un vendeur de glace sur une plage bondée. Il s’égosille pour ne finalement toucher que quelques âmes en peine. Le PCF, je crois, mérite de nourrir d’autres ambitions.

Alors je pose la question avec tout le sérieux que requiert la situation. Qu’allons-nous faire en cas d’échec du processus des primaires ? Finalement se ranger derrière Jean-Luc Mélenchon qui engrange les points, qui appelle à faire une manifestation citoyenne en même temps que notre congrès afin de totalement nous phagocyter ? Porter dans l’urgence une candidature de Pierre Laurent. Le même Pierre Laurent qui a fait un tour de France pour ensuite être tête de liste aux régionales en Île-de-France pour un score bien trop modeste malgré une discipline de fer de toutes les organisations du Front de gauche ? Une candidature que financièrement nous ne pourrons soutenir qu’avec grande difficulté si on s’en réfère au véritable état de notre organisation ? Comment sort-on vers le haut de cette situation abracadabrantesque dans laquelle nous nous sommes enfermés ? Mesure t-on que la survie du PCF est en jeu. J’entends ici ou là que le congrès sera un non événement et qu’il est inutile de vouloir se battre en interne pour empêcher la mise en bière ; qu’il faut se consacrer à des objectifs départementaux ; qu’il faut travailler à structurer localement, à renforcer nos sections. Comment fait-on avec un parti qui deviendrait totalement inexistant nationalement ? La théorie de la forteresse est un leurre qu’on se le dise. Preuve en est la législative partielle de ce week-end dans le Nord. Malgré la dissidence médiatique de Martine Aubry le PS est laminé à deux pas de son beffroi lillois.

Quelle terrible contradiction de voir un réveil populaire bouillonnant au travers de la mobilisation contre la loi travail et d’assister, dans le même temps, au crash inévitable du PCF qui, au lieu de construire un prolongement politique à ces luttes naissantes, court tout droit dans les bras de la social-démocratie agonisante. Car les primaires ça n’est que cela sauf à se refuser à faire de la politique sérieusement.

Mes mots sont durs je le sais et c’est avec déchirement que je publie cette analyse froide, chirurgicale car ultra lucide. Certains camarades vont me honnir, sans doute ressortiront-ils les vieilles formules assassines réservées à ceux qui congrès après congrès ont eu le courage de dénoncer les dérives réformistes quand elles n’étaient que cela. La vérité est que plus que jamais notre nation a besoin du PCF, a besoin d’un grand parti populaire de combat, de classe. Je ne cherche pas à sauver la gauche ou à rallumer les étoiles. Je n’ai pas cette prétention, ni même les camarades qui défendent la même ligne et avec qui j’ai plaisir à militer. Je sais simplement une chose, il n’y aura pas de changement sans organisation, il n’y aura pas de rupture sans un parti rassembleur sur des bases de classe. Un parti qui ne se contente pas d’être un simple réservoir de voix pour la social-démocratie, elle qui poignarde à la première occasion les travailleurs, les classes populaires. Alors je repose la question : comment faisons-nous pour nous sortir de là ? Une candidature inattendue mais populaire comme celle de Mickaël Wamen, le camarade des Goodyear qui remplit partout en France des salles des fêtes et des amphithéâtres universitaires ? L’avantage serait de mettre tout le monde d’accord y compris Mélenchon, qui je n’en doute pas n’hésitera pas à soutenir une telle candidature.

La question est posée et elle sera centrale au congrès car tactiquement c’est ainsi que la direction nationale a aiguillé le débat.

G.S

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