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Il se dit et s’écrit beaucoup que face au mal immédiat et définitif que représenterait l’élection de Mme Le Pen, celle de Macron n’apporterait, à tout prendre, qu’un mal passager.

C’est perdre la mémoire et s’aveugler.

Perdre la mémoire, car c’est oublier que jamais il n’a été possible de revenir sur une avancée néo-libérale depuis 1983.

Jamais, il n’a été possible de revenir sur un traité européen. Quand deux peuples, par la voie du référendum, l’ont tenté, en 2005, on leur a infligé le plus antidémocratique des démentis.

A-t-il jamais été possible de revenir même sur une directive européenne ? Il suffit de constater l’impossibilité de réviser la directive sur les travailleurs détachés, qui organise la concurrence déloyale entre travailleurs de différents pays de l’UE pour s’en convaincre. Pas une seule fois, une avancée antisociale initiée par l’Union européenne n’a pu être remise en question.

A-t-il été possible de revenir sur les pouvoirs exorbitants de la Commission européenne dont certains membres détiennent tout à la fois du pouvoir législatif, exécutif et judiciaire ? Jamais.

A-t-il été possible de modifier les décisions européennes une fois qu’elles ont été intégrées dans le droit national ? Jamais.

A-t-il été possible d’empêcher les opérations successives de démantèlement du droit du travail ? A-t-il été possible de revenir sur les reculades successives du régime des retraites ?

On peut, comme certains, se dire qu’on va faire grève, qu’on va manifester, bref que s’agissant de Macron, le problème se règlera dans les luttes. Cela suffit-il à rendre Macron tolérable ? Cela suffit-il pour faire silence aujourd’hui sur son programme ?

Macron répète deux choses : « il ne cèdera en rien » ; il demande « un soutien large ». C’est le message claire d’un thatchérisme à la française. C’est la route ouverte à la violence patronale et bancaire.

Macron imposera sa volonté puisqu’il bénéficie du soutien du monde de la finance, de celui des affaires et des médias, dont les uns et les autres sont propriétaires.

Ce que Macron transformera demeurera.

Rappeler les dangers d’un parti qui plonge ses racines dans Vichy, c’est indispensable. Passer sous silence la révolution conservatrice qui se prépare, c’est irresponsable.

Il faut résolument s’opposer à Le Pen. Mais cela ne peut en aucune façon conduire à relativiser et à minimiser le danger majeur que représente aussi l’élection de Macron.

Raoul Marc Jennar

 

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